La petite histoire de la bouteille de vin … Petit retour en arrière, de quelques siècles seulement
Les bouteilles de vin sont de formes différentes selon les régions et selon les modes. Elles agissent comme un bouclier protecteur pour préserver au mieux les qualités du vin et l’aider à se bonifier avec le temps.
A l’origine, le vin était vendu en tonneau. Pratique pour les tavernes de l’époque qui n’avaient qu’à tirer un peu de vin pour le service mais nettement moins pour la vente et les transports… C’est Louis XV qui autorisa la commercialisation du vin en bouteilles en 1728.
La bouteille cylindrique est alors adoptée par tous avec un fond concave pour qu’elle soit stable. Chaque région détient sa forme de bouteille particulière, voici quelques typicités:
- La Bordelaise : est appelée « frontignan » (reprise par plusieurs régions, notamment la Provence, pour son coté chic et glamour)
- La ligérienne : bouteille du Val de Loire qui est gravé sur l’Angevine.
- La Flûte d’Alsace : est la bouteille la plus haute.
- Le clavelin du Jura : sa contenance de 62 cl correspond au volume résiduel d’un litre de vin, après un vieillissement obligatoire de 6 ans en fûts de chêne, soit après l’évaporation de plus du tiers du volume à travers le bois de la barrique.
Les vins nécessitent une certaine protection aux rayons du soleil. Mais curieusement les couleurs choisies pour chaque type de vin émanent d’une décision purement esthétique ! Nous sommes bien sûr habitués à la teinte verte des bouteilles de vin rouge qui filtre les rayons lumineux, jusque-là tout prend son sens… sauf que le vin rouge n’a pas besoin d’être protégé puisqu’il l’est naturellement par les tannins présents dans le vin.
En revanche : les vins blancs et rosés, eux, ont plus besoins de se maintenir à l’abri de la lumière, et ce sont ces bouteilles qui ont une teinte la moins protectrice, afin que leur robe soit mieux admirée !
Petit retour en arrière, de quelques siècles seulement …
Les premières traces de culture de la vigne en Europe nous ramènent en Grèce environ 2 500 ans avant JC. A cette époque, on ne s’encombrait pas des questions de conservation du vin. En contact avec l’air, ce dernier avait tendance à s’oxyder très rapidement et tournait vite au vinaigre.
Ce n’est qu’au milieu de l’Antiquité et avec la démocratisation de la consommation de vin, qu’il commence à être stocké dans des amphores en terre cuite. Elles étaient le récipient pour bon nombre de produits de base comme l’huile d’olive et la bière. Son principal inconvénient était son poids qui rendait toute manipulation très délicate. C’est environ 500 ans avant JC qu’est apparu le tonneau remplaçant ainsi rapidement le stockage du vin dans les amphores. Véritable innovation technologique pour l’époque, le tonneau est solide et bien plus léger et surtout, il a l’énorme avantage de pouvoir être déplacé en le faisant rouler. Son remplissage et son stockage sont également plus simples que dans les amphores.
C’est dans la Rome Antique que tout se joua avec l’arrivée de l’ampulla, une sorte de bouteille avec un petit goulot, une épaule bien marquée et un corps sphérique. On parle bien d’un contenant de vin, hein ?! Au fil du temps et surtout pour faciliter l’entreposage, l’objet devient alors cylindrique.
Le vin n’était que rarement mis en bouteille tant le coût de ces récipients était prohibitif.
C’est en 1632 que le diplomate anglais Sir Kenelm Digby invente la bouteille de vin. Grâce à l’invention des fours à charbon, la fabrication de la bouteille de verre se généralise et devient bon marché.
Mais pourquoi les bouteilles de vin font 75 cl et pas 1 l ?
Les calculs auraient été bien moins compliqués pour tout le monde…
La raison est simple : les anglais sont les principaux acheteurs de vin et l’unité de volume utilisée est le gallon impérial. 1 gallon équivalait à 4,54609 litres, donc une barrique de 225 litres valait 50 gallons.
Pour s’éviter des calculs sans fin, il fallait trouver un contenant donnant un chiffre rond, 225 litres correspondaient alors à 300 bouteilles de 0,75 litre et 1 gallon valait 6 bouteilles.
C’est d’ailleurs cet héritage qui explique pourquoi le vin est vendu en carton de 6 ou 12 bouteilles. Oui mais alors pourquoi retrouve-t-on des étiquettes de vieux millésimes affichants des contenances de seulement 73cl ? Là encore, un joli imbroglio : les bouteilles disposaient bien d’une contenance de 75cl mais une fois le bouchon mis en place, 2cl se perdaient. Aïe… Depuis 1975 et encore aujourd’hui, les bouteilles font donc en réalité 77cl mais elles accueillent 75cl de vin.